Îlot 3.6 ZAC Cartoucherie

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Programme : Construction neuve de 128 logements collectifs accompagnés de locaux d'activité sur l'îlot 3.6 de la ZAC Cartoucherie
Ville : Toulouse 31
Maître d'ouvrage : CA Immo
Maître d'oeuvre : Architecte mandataire : TAA Toulouse | Architecte associé : Yann Chereau Architecture | Paysagiste : Coloco | BET structure : BETEM | BETM thermique : Occinergy | BET acoustiques : EMACOUSTIC | Certification HQE : Néolia Ingénierie | Certification Effinature : Novacert | Gestion terres polluées : DEKRA

Date : Concours en 2021
Certifications environnementales visées : HQE, Effinature

La parcelle 36A est située dans un contexte singulier, d’une part, elle est en relation avec l’avenue Grande Bretagne, son tramway et ses constructions historiques, d’autre part, elle est dans le prolongement des axes structurants de la ZAC (place et voies principales). Fort de cette analyse, il s’agit ici de penser un projet qui renforce le lien entre ces différents tissus urbains singuliers pour réussir à valoriser une construction contemporaine qui agira comme un signal. L’Enjeu est aussi de ne pas dévaloriser le quartier historique en face de l’ilot. La prise en compte du contexte nous permet aussi de penser le projet comme un ensemble qui doit s’articuler avec les caractéristiques paysagères présentes en continuité de l’ilot.
L’opération de 128 logements est posée sur un socle qui accueille un plateau actif dédié à un centre de rééducation de kinésithérapie de 700 m2 en partie Nord le long de l’Avenue et un parking au Sud. Le parking est composé de deux demi-niveaux accessibles par une rampe depuis la raquette existante. Le niveau bas est situé à -0.7 m du terrain naturel et le niveau haut à + 2 m du terrain. Cela nous permet de limiter le volume de terres à excaver ainsi que le volume de terres souillées à stocker dans le projet. Nous avons de ce fait la possibilité de stocker plus de terres polluées, à concurrence de 208 m3, ce qui est un bénéfice pour la ZAC. Le rapport au sol du projet est ainsi défini par un socle minéral d’une hauteur de 5.2 mètres continue sur l’ensemble de la parcelle. Une venelle est positionnée entre les deux entités (parking /RDC actif, cette faille offre de multiples avantages : Elle et permet un adressage direct sur l’avenue de Grande Bretagne. Elle offre des accès piéton et PMR pour les entrées des plots A B et C à travers le socle. Les halls des logements viennent ponctuer le parcours de cette venelle pour accueillir les riverains et son éclairage naturel procure des bénéfices en matière de sécurité, de confort d’usage et de technique. En effet, la façade arrière du local dédié au centre de soins et de sport (SPS) y trouve un éclairage naturel sur une seconde façade plus à l’abri des regards mais tout aussi confortable. Le parking y gagne une ventilation naturelle et les occupants des logements, un espace d’échange en toute sécurité avant de rejoindre leurs halls d’accès.
Le socle est ponctuellement évidé pour garantir et accueillir les terres polluées issues des remblais du parking (-90 cm par rapport au TN). Ces espaces nous permettent d’envisager la plantation d’arbres de haute tige (14 m) en pleine terre qui répondent à l’échelle des bâtiments. L’ensemble de la toiture du socle est traitée comme une toiture terrasse de 20 à 80 cm de terre végétales. Un jeu de nivellement est ainsi mis en place pour organiser le jardin haut de la résidence et s’accompagne d’un travail sur des gradins et des parcours pour les occupants de l’ilot. Des installations sportives du centre Sport Pro et Santé accompagneront le parcours paysager de la dalle pour permettre aux usagers du centre de pratiquer certain exercice en plein air, y compris pour les habitants de la résidence grâce à une association gérée par la copropriété, en relation avec SPS.
L’implantation des logements est l’occasion de renforcer plusieurs points cruciaux des prescriptions urbaines :
• Notre projet est ponctué de quatre bâtiments autonomes. Cette implantation nous permet de valoriser des porosités et d’accroitre la valeur du socle qui agit comme un piédestal au niveau du sol.
• Pour renforcer les alignements urbains et les cadrages lointains 3 bâtiments en lanière s’alignent en parallèle de la rue au Sud de l’opération.
• Une tour est positionnée au Nord le long de l’Avenue. Il s’agit d’un repère sur cette entrée de la ZAC « Cartoucherie ».
• Pour accentuer les continuités végétales, les bâtiments en lanières sont espacés pour permettre au jardin haut du socle de descendre vers la rue au Sud. Il s’agit d’une entrée paysagère vers l’opération.
• L’implantation des bâtiments nous permet de maitriser les ombres projetés sur les logements. 
C’est ainsi que nous avons rapproché les bâtiments A et B et mis en vis-à-vis les distributions des venelles bio climatiques pour permettent au bâtiment B et de bénéficier d’un ensoleillement maximum par rapport au bâtiment C. Le bâtiment D est une tour en R+10 en duplex dont le dernier plancher est desservie à une altimétrie de moins de 28m en accord avec l’OAP.
Le projet est travaillé suivant des volumétries distinctes qui sont parfois jumelées ou éloignées. Les bâtiments (A et B) au Sud et à l’Est du projet sont rapprochés lorsque les bâtiments (C et D) de la frange Ouest assurent une frontalité urbaine. La tour est autonome est assure une articulation entre la frange Ouest et Nord de la parcelle. Il s’agit du signal attendu dans la continuité du jardin haut. L’intérêt de ces alignements est lié à la qualité des logements qui sont pour la grande majorité en double ou triple orientation et sans ombre projeté sur leur façade. Ils possèdent également des vues dégagées vers le lointain à l’Est, au Sud et à l’Est de l’ilot. Les toitures et les altimétries des bâtiments nous permettent de positionner des panneaux photovoltaïques (490 KW). Nous obtenons de cette façon le niveau E3.
Les bâtiments (A, B et C) implantés sur la façade Sud de la parcelle sont composés de grandes terrasses en escalier. Des appartements T4 en duplex bénéficient ainsi de triple orientation et d’un jardin d’hivers. Les Plots à partir du R+2 bénéficient d’appartements systématiquement traversant, desservis par des venelles bioclimatiques qui permettent aux appartements de bénéficier de grandes loggias orientées Est ou Ouest. Toutes les loggias bénéficient d’une jardinière garde-corps généreusement plantée. La tour (bat D) propose deux appartements T3 dont les séjours en angle bénéficient de vues dégagées au Sud à l’Est et à l’Ouest. Ces appartements bénéficient à la fois de loggias filantes en angle avec des jardinières garde-corps et de jardins d’hivers en double hauteur. Cela contribue à l’effet de signal unique de cette tour.
Pour répondre aux problématiques liées aux contraintes acoustiques et pour minimiser l’impact des pignons sur les façades Nord, nous y implantons les circulations verticales des logements. Les ascenseurs seront vitrés et permettront d’animer ces façades. Elles s’accompagnent d’un traitement paysager en liaison avec le parc, ces espaces extérieurs sont ouverts sur le paysage urbain. Une résille permet à des plantes grimpantes de coloniser cette façade depuis les jardinières disposées sur les paliers. Des jardin d’hiver privés viennent ponctuer ces façades et favorisent la vue d’espaces domestiques depuis l’espace public.
L’équipe de projet est appuyée par les paysagistes Coloco. L’aménagement paysager offre une diversité d’espaces extérieurs pour multiplier les usages, mais aussi une diversité d’espèces végétales pour varier les ambiances et permettre à la biodiversité locale de s’installer. Afin de favoriser la continuité de la biodiversité sur l’ensemble du territoire nous avons décidé de travailler trois séquences, les « coteaux » au Sud de l’opération, les « forêts » entre les plots et la « plaine » sur le socle dans laquelle nous retrouvons les activités sportives et ludiques de la copropriété. De cette façon, nous permettons les continuités paysagères entre les différents ilots de la Zac de la Cartoucherie.
L’ensemble des logements a été pensé en lien avec les enjeux soulevés par la crise sanitaire. En effet, chaque logement possède de larges espaces extérieurs donnant sur le cœur d’ilot ou sur le grand territoire côté rue. Afin de favoriser le lien social entre les habitants nous avons souhaité intégré un rez-de-jardin « actif ». Il est ponctué d’une promenade piétonne, d’espaces de gradins et d’activités sportives (pistes de courses, espaces d’activité sur gazon, mur d’activité...) Il s’agit de faire l’interface entre les espaces communs et valoriser les zone d’échanges et de rencontre. Au total nous comptabilisons 128 logements avec une grande diversité d’appartements mais aussi de typologies. Il est à noter que 90 % des appartements sont traversant et en double voire triple orientation.

Les espaces intermédiaires du projet ont été pensés pour favoriser le lien social entre les habitants et bénéficier d’un apport de lumière naturelle depuis le Sud. Les cages d’escaliers sont éclairées naturellement en premier jour. Les coursives sont vitrées et distribuent les logements ce qui permet aux habitants de s’approprier ces espaces supplémentaires largement plantés. Le travail des percements sur les façades équivaut à 20 % de la surface Shab et avec l’objectif d’être toujours supérieur à 18%, ce qui est supérieur aux normes en vigueur. Cela nous permet d’offrir des vues obliques qui dilatent l’espace des logements par des ouvertures sur les coursives, les loggias et les balcons. En cœur d’ilot, la structure porteuse est dissimulée par des panneaux vitrés et favorise des jeux de reflets et de transparence entre la façade et les espaces plantés du cœur d’ilot. Les logements bénéficient d’une grande diversité d’espaces extérieurs ayant chacun une fonction précise :
• Des loggias plantées vers les espaces publics qui offrent des vues dégagées sur le grand territoire.
• Des jardin d’hiver qui permettent une appropriation paysagère des extérieurs par les habitants et ponctuent les façades de l’opération
• Des coursives vitrées pour favoriser le lien social
• Des jardins plantés pour les typologies T4 qui sont travaillées en duplex et animent les façades sud.
L’opération de l’ilot 3.6A a été pour nous l’occasion de favoriser la mise en place de matériaux teintés par leur procédé de fabrication (brique ocre rosée qui est induite par la cuisson de cette matière) ou le béton de sol dont la couleur est étroitement liée à une extraction locale et maitrise des agrégats. Ce principe nous permet de penser l’esthétique du projet comme un enjeu lié à la façon de construire. Il s’agit de valoriser un savoir-faire éprouvé et traditionnel plutôt que de ponctuer l’opération par des touches colorimétriques en façade sans réelles explications. Le fil rouge de la conception est ainsi de mettre au point un projet structurel, économique et pérenne par sa conception et dont l’esthétique est le résultat d’une pensée.
Pour modeler les façades du socle, nous avons décidé de mettre en place des moucharabiehs qui seront composés par des briques de terre cuite. Il ne s’agit pas d’un matériau structurel ici, aussi nous envisageons de valoriser des matériaux de réemploi. Ils permettent de créer des transparences (ouverture et ventilations naturelles pour le parking) et des filtres pour le centre de kinésithérapie depuis les espaces publics. En ce qui concerne les logements, les terrasses et loggias filent le long des façades, ainsi que leurs sous faces des planchers qui sont très visibles depuis l’espace public avec plus de 2.6m de profondeur. Aussi, nous portons une attention particulière pour le traitement de ces dalles qui peuvent créer l’identité de cette opération. Pour ce faire, nous proposons la mise en place de voutains en brique de terre cuite qui sont repris par des longrines en béton. Les briques voutées filent de façade à façade et accentuent l’effet de transparence lié aux appartements traversant d’un bâtiment à faibles besoins énergétiques avec une étanchéité à l’air des façades très performante. Nous avons également travaillé sur les apports solaires (depuis l’Est, le Sud et l’Ouest). Les choix des matériaux seront faits en privilégiant les matériaux locaux et favorisent les isolants biosourcés. Ainsi les voutains de briques sont liés à un savoir-faire local d’une entreprise située à Castelnaudary.
Le parti pris paysager s’inspire des espaces naturels du bassin de la Garonne en proposant un ensemble paysager cohérent composés de différents habitats qui dialoguent entre eux et permettent l’augmentation de la biodiversité du quartier : La prairie s’inspire des ondulations de la Garonne grâce à l’utilisation de graminées et autres végétaux à l’aspect fluide. Le bosquet central est composé des essences arborées que l’on retrouve dans les forêts de feuillus du département. Les lisières, situées au sud de l’îlot font entrer la végétation dans la rue et créent le lien avec l’espace public. La végétation y est plus représentative des régions sèche du sud de la France. Les jardins sur dalle, à l’image du bâtiment sont pensés comme une nouvelle géologie qui émergerait du socle bâti. A ces composantes végétales et morphologiques s’ajoutent des objectifs d’usages et des objectifs environnementaux. Les espaces paysagers de l’ilot ont deux grandes ambitions pour faire face aux problématiques actuelles liées aux épidémies et au changement climatique : 
• Augmenter les performances climatiques du bâti et la biodiversité du quartier grâce à la création d’espaces de plantations denses 
• Créer des espaces de jardins et des lieux de vie propices aux rencontres.
 Les espaces de jardins doivent répondre aux besoins de nature et de sociabilité des habitants assignés à résidence par les confinements successifs Conformément au cahier des charges, des zones d’infiltration des eaux météoriques doivent être incluses au projet (Zones rouges).
La composition végétale est pensée en quatre milieux différents afin de proposer une diversité biologique dans l’îlot. Les palettes végétales sont conçues en fonction de la disposition des espaces : plantes méditerranéenne au sud, herbacées sur les espaces ouvert et bosquets d’arbres dans les espaces les moins lumineux. Les espèces choisies sont conforme aux documents du PluiH de Toulouse Métropole. Le choix d’une palette colorée dans les tons de rouge pour certains arbres, arbustes et vivaces permet le dialogue avec la matérialité du bâtiment : la brique. Pour les jardins d’hiver, la végétation reprend les codes de la prairie avec l’utilisation de graminées et de vivaces résistantes aux conditions particulières liées à la hauteur des bâtiments. D’autre part et afin de garantir le bien être des végétaux et de proposer des espaces de récupération des terres polluées, les zones plantées dispose d’épaisseur de terre variables, de 20 cm à 80cm pour les jardins sur dalle. Pour les espaces de pleine terre, une épaisseur minimale d’1m de terre saine est superposée au stockage de terre polluée.